Passage du cyclone BATSIRAI, les sinistrés racontent…

18/02/2022

Léa Thérèse, monitrice à l’école Vozama du village de Lavenombe :
« Dans la nuit de samedi à dimanche - après pourtant quelques jours de beau temps - le cyclone Batsirai a lourdement frappé notre village, avec de puissantes rafales de vent et une très forte pluie. Ma famille et moi-même étions si angoissés que nous n’avons pu dormir cette nuit-là. Plusieurs maisons se sont écroulées, l’eau a transpercé les toits de notre école et les murs se sont fissurés. La salle de classe était complètement inondée : dans cet état, il n’était plus possible de l’utiliser.
Chaque année, un cyclone frappe Madagascar mais cette fois, encore plus fort. Cela a causé de gros dégâts, ajoutés à ceux causés aux cultures par une grave sécheresse. J’ai bien peur que notre production de riz ne soit très diminuée cette saison.
Ces événements sont peut-être la conséquence du changement climatique et de la dégradation de l’environnement : feux de brousses, utilisation des bois et de charbons de chauffe, déboisement sauvage, toutes ces mauvaises pratiques menacent notre environnement.
Pour notre survie, notamment en période de cyclone, il faut que nous plantions des arbres ; cela permettra de mieux amortir ces terribles bourrasques de vent et aussi de rééquilibrer la végétalisation de nos campagnes. »

L’anticipation et les conséquences du cyclone
« Nous avions bien été prévenus de l’arrivée du cyclone. En plus des annonces radios, notre chef de quartier a convoqué quelques ainés du village et les membres du comité local de « Gestion des Risques des Catastrophes ».
Nous étions préparés à prendre des mesures de sécurité : couper les branches d’arbres qui se trouvent à côté des maisons, mettre des sacs de sable sur les toits, héberger les personnes qui ont des maisons en mauvais état. Heureusement, tous les villageois s’en sont sortis sains et saufs. Pourtant, la plupart des maisons ont été touchées, trois se sont écroulées totalement. Les cultures sont ravagées et nos champs de manioc complètement détruits. Ce cyclone était bien plus fort que les précédents. Il était d’autant plus difficile à supporter en frappant au milieu de la nuit, nous laissant démunis, sans aucune visibilité. Il pleuvait énormément dehors et les rafales de vent étaient d’une violence insupportable. Ce qui est maintenant encore plus difficile à vivre, c’est le fait de repartir à zéro quand nos cultures se sont envolées ou quand les réparations de nos maisons vont prendre beaucoup de temps. En effet, cela coûte cher et nous n’avons pas d’aide.
Pour anticiper les futurs cyclones et limiter au maximum les dégâts, nous devons renforcer les constructions même si cela coûte plus cher, c’est indispensable. »
: raconte RATSIBAZAFY Jean Maurice, parent d’élèves au village de RANOMENA.
Le cyclone a détruit ma maison et ma culture
Vololonaherinarivo Jocelyne Edmmée, monitrice du poste d’alphabétisation de Talata Iboaka fait partie des victimes du passage du cyclone BATSIRAI. À la suite de la destruction de sa maison, elle et sa famille sont hébergées temporairement par une famille lointaine :
« La maison a tremblé. Les plafonds commençaient à se détacher…Les vents devenaient de plus en plus forts entre 20h du soir et 02 heures du matin. Nous sommes tout de suite descendus au rez-de-chaussée. Pour notre sécurité, notre seule solution était de dormir sous la table. Les vents ont soufflé, une partie de notre toit s’est envolé, les fenêtres s’ouvraient toutes seules.
Nous avons eu vraiment peur. On se demandait presque toutes les minutes : quand est-ce-que cela se terminera ? La pluie a commencé à inonder la maison.  Les plafonds du rez-de-chaussée se sont ensuite écroulés. Vers 03h du matin, les vents se sont enfin calmés. Au petit matin les nattes, les meubles, les cahiers et les livres étaient trempés.
Mon mari est tout de suite allé voir notre rizière et nos champs. Nos efforts de plusieurs mois étaient complètement ravagés. Il faut maintenant que l’on répare le plus vite possible tous ces dégâts mais nous manquons de moyens. Nous n’étions pas préparés à une telle dévastation ».

Crédits @Vozama 2021